IdentifiantMot de passe
Loading...
Mot de passe oublié ?Je m'inscris ! (gratuit)

Vous êtes nouveau sur Developpez.com ? Créez votre compte ou connectez-vous afin de pouvoir participer !

Vous devez avoir un compte Developpez.com et être connecté pour pouvoir participer aux discussions.

Vous n'avez pas encore de compte Developpez.com ? Créez-en un en quelques instants, c'est entièrement gratuit !

Si vous disposez déjà d'un compte et qu'il est bien activé, connectez-vous à l'aide du formulaire ci-dessous.

Identifiez-vous
Identifiant
Mot de passe
Mot de passe oublié ?
Créer un compte

L'inscription est gratuite et ne vous prendra que quelques instants !

Je m'inscris !

Microsoft signe un contrat géant d'élimination du carbone pour éponger le CO2 à l'aide de calcaire
Certains y voient « une opération de greenwashing qui repose sur une technologie coûteuse »

Le , par Bruno

76PARTAGES

6  0 
Microsoft a signé un contrat avec Heirloom Carbon, une startup qui utilise le calcaire pour capturer et stocker le carbone de manière permanente. Le contrat porte sur l’achat de 315 000 tonnes de carbone sur plusieurs années, ce qui représente l’un des plus gros accords de ce type à ce jour. L’accord permettra à Heirloom de financer la construction de deux nouveaux sites commerciaux et de bénéficier du soutien du ministère américain de Énergie. Microsoft poursuit ainsi son objectif de devenir neutre en carbone d’ici à 2030.

Heirloom est un leader mondial dans la technologie de capture directe de l’air et dispose de la seule installation aux États-Unis qui élimine définitivement le CO2 de l’atmosphère. L’entreprise se base sur les propriétés naturelles du calcaire pour piéger le CO2 présent dans l’air et le stocker durablement de différentes façons, comme dans le béton. En accélérant le processus naturel d’absorption du CO2 par le calcaire, qui passe de quelques années à quelques jours, Heirloom se prépare à éliminer le CO2 à faible coût et à grande échelle.


Brian Marrs, responsable principal de l’énergie et du carbone chez Microsoft, a déclaré : « Le contrat de Microsoft avec Heirloom est une nouvelle avancée importante dans la création du marché de l’élimination du carbone de haute qualité et soutient notre objectif de devenir neutre en carbone d’ici à 2030. En tant qu’investisseur et client d’Heirloom, nous pensons que leur approche technique et leur plan sont conçus pour une amélioration rapide afin d’aider à réduire le coût de la capture directe de l’air à grande échelle au rythme urgent nécessaire pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris. »

De plus, le contrat entre Microsoft et Heirloom représente l’un des premiers contrats financiers sur l’élimination du dioxyde de carbone. Il donne à Heirloom un moyen de financement essentiel pour les futures installations de capture directe de l’air, comme d’autres projets d’infrastructure à grande échelle ont été financés pendant des décennies.

Shashank Samala, PDG de Heirloom, a déclaré : « Microsoft a été un partenaire formidable pour Heirloom, nous aidant à développer l’une des solutions de capture directe de l’air les plus efficaces au monde. Des contrats financiers de cette envergure permettent à Heirloom d’obtenir un financement de projet pour notre croissance rapide, alimentant ainsi une expansion exponentielle comme celle que nous avons connue dans l’industrie des énergies renouvelables. »

Cet accord assure des flux de trésorerie supplémentaires stables et prévisibles qui sont nécessaires pour permettre le financement de projet des prochaines installations de capture directe de l’air d’Heirloom. Le financement de projet est un levier essentiel du développement d’infrastructures à grande échelle depuis des décennies, et consiste à financer des projets à forte intensité de capital avec les flux de trésorerie futurs générés par ces projets.

Ce mécanisme de financement a notamment été un facteur clé dans la croissance et la commercialisation rapides des technologies éoliennes, solaires et d’autres énergies renouvelables. « Il est très positif de voir des accords de cette envergure, car les entreprises acheteuses, comme Microsoft, peuvent réduire considérablement le coût du capital pour les entreprises de capture directe de l’air qui cherchent à financer des projets d’infrastructure, tels que de futures installations d’élimination du dioxyde de carbone », a déclaré Robert Keepers, directeur général de J.P. Morgan Green Economy Banking.

Microsoft investit dans Heirloom Carbon : les limites et les risques de cette technologie d’élimination du carbone

L’initiative de Microsoft d’acheter du carbone à Heirloom Carbon peut être vue comme une tentative louable de réduire son empreinte carbone et de soutenir une technologie innovante d’élimination du carbone. Toutefois, cette initiative soulève également des questions et des critiques sur son efficacité, sa durabilité et sa pertinence.

D’une part, il faut reconnaître que la technologie d’Heirloom Carbon utilise le calcaire, une roche abondante et peu coûteuse, pour capturer et stocker le carbone de manière permanente. Ce procédé s’inspire du cycle naturel du carbone, qui implique la dissolution des roches silicatées et la formation de coquilles carbonatées par les organismes marins1. Il présente donc l’avantage de ne pas nécessiter de sources d’énergie externes ni de générer de déchets. Il pourrait aussi contribuer à la création d’emplois locaux et à la valorisation des ressources minérales.

D’autre part, il faut aussi s’interroger sur les limites et les risques de cette technologie. Tout d’abord, le potentiel de séquestration du carbone par le calcaire est limité par la disponibilité et la réactivité des roches, ainsi que par la vitesse de réaction chimique. Selon une étude du Cirad, le calcaire ne peut séquestrer que 0,1 à 0,2 tonne de carbone par hectare et par an, ce qui est très faible comparé aux besoins actuels de réduction des émissions.

Ensuite, le transport et la manipulation du calcaire peuvent entraîner des impacts environnementaux négatifs, tels que la pollution de l’air, de l’eau et des sols, la destruction des habitats naturels, ou encore l’émission de gaz à effet de serre. Enfin, il faut se demander si l’achat de carbone à Heirloom Carbon n’est pas une façon pour Microsoft d’éviter de réduire ses propres émissions à la source, en se reposant sur une solution externe qui n’est pas encore éprouvée ni régulée. Il s’agirait alors d’un cas de compensation carbone controversé, qui pourrait nuire à la crédibilité et à la responsabilité de l’entreprise.

Une stratégie écologique ou une tromperie ?

L’initiative de Microsoft d’acheter du carbone à Heirloom Carbon peut être perçue comme une stratégie de greenwashing, c’est-à-dire une tentative de se donner une image écologique trompeuse. En effet, Microsoft est une entreprise qui a une empreinte carbone importante, liée à ses activités numériques, à ses centres de données, à ses produits et à ses services.

Selon son rapport annuel 20201, Microsoft a émis 11,6 millions de tonnes de CO2 en 2020, dont 4,3 millions liées à sa consommation d’électricité. Microsoft affirme vouloir devenir neutre en carbone d’ici à 2030, mais son plan repose largement sur l’achat de crédits carbone et sur le soutien à des technologies d’élimination du carbone qui ne sont pas encore éprouvées ni régulées. Ainsi, Microsoft pourrait continuer à émettre du CO2 tout en se dédouanant de sa responsabilité en payant des tiers pour compenser ses émissions.

Cette pratique pourrait être considérée comme du greenwashing, car elle ne remet pas en cause le modèle économique et les pratiques de Microsoft, mais se contente de les maquiller en vert. De plus, Microsoft pourrait profiter de son image écologique pour attirer des clients et des investisseurs soucieux de l’environnement, sans pour autant leur garantir des produits et des services réellement respectueux du climat et de la biodiversité.

Le Comité économique et social européen (CESE) reconnaît le rôle des technologies d’élimination du dioxyde de carbone (EDC) dans la décarbonation de l’industrie européenne, mais il appelle à une approche prudente et équilibrée. Il met en garde contre les risques de dépendance vis-à-vis de l’EDC, qui ne doit pas se substituer aux efforts de réduction des émissions à la source. Il insiste également sur la nécessité d’évaluer les impacts environnementaux et sociaux des différentes technologies d’EDC, ainsi que de les encadrer par des politiques publiques adaptées.

Un rapport inédit du think tank Carbon180, relayé par Le Figaro, plaide pour le développement et le déploiement de l’élimination du CO2, notamment par le calcaire, comme un levier clé contre le réchauffement climatique. Il souligne le potentiel de cette technique pour créer des emplois, stimuler l’innovation et réduire les coûts. Il appelle les gouvernements à investir davantage dans la recherche et le développement sur l’élimination du CO2, ainsi qu’à créer des incitations économiques pour les acteurs du marché.

Julie Schüpbach, journaliste au Temps, souligne les avantages de cette technique qui permet de transformer le CO2 en roche calcaire de manière permanente et sans risque de fuite. Elle reconnaît toutefois que cette méthode nécessite l’utilisation de grandes quantités d’eau et qu’elle n’est pas applicable partout, car elle dépend de la nature des roches.

Microsoft n’est pas à sa première initiative et n'est pas la seule entreprise à envisager de réduire son empreinte carbone

Selon une étude intitulée Transformative Carbon-Storing Materials : Accelerating an Ecosystem et parrainée par la multinationale technologique, Microsoft, les centres de données et d'autres bâtiments pourraient être fabriqués à partir des matériaux tels que le chanvre et les algues qui stockent le carbone, au lieu d'utiliser du béton qui en émet. Pour Microsoft, si l'industrie du béton était un pays, elle émettrait plus de carbone que n'importe quelle autre nation dans le monde, à l'exception des États-Unis et de la Chine. Pourquoi ? Parce que le béton est fabriqué à des températures élevées qui nécessitent un apport énergétique important et parce qu'il fait appel à des réactions chimiques qui génèrent du CO2.

L’étude examine les matériaux traditionnels et d'autres qui en sont à un stade précoce de développement et qui pourraient être utilisés dans les sols, la structure et le revêtement des bâtiments. Il conclut que les six meilleures perspectives sont les dalles de terre, le béton fabriqué avec un ciment non traditionnel, les briques et les panneaux fabriqués avec des algues ou des fibres cultivées à dessein, et les tubes structurels fabriqués à partir de mycélium (fils produits par des champignons). « Ces matériaux suscitent un enthousiasme réaliste et méritent d'être investis pour faciliter et accélérer leur prototypage, leur mise à l'échelle, leur fabrication et leur utilisation commerciale dans la chaîne d'approvisionnement du secteur du bâtiment », indique le rapport.

Meta, la société qui possède Facebook, a conclu un accord portant sur 6,75 millions de crédits carbone avec une société mondiale de financement climatique, Aspiration Partners, pour favoriser la mise en œuvre de solutions d’élimination du carbone basées sur la nature. Meta cherche à réduire son empreinte carbone et à soutenir des projets environnementaux et sociaux à travers le monde. Aspiration affirme que ses crédits carbone sont les plus transparents et les plus contrôlés du marché, et qu’ils contribuent à financer des initiatives telles que la protection des forêts, la restauration des océans ou la distribution de cuisinières propres.

Un crédit carbone représente une tonne de CO2. C’est la définition physique du crédit carbone. Malgré tout, sa définition juridique n’est pas toujours la même en fonction du marché sur lequel s’échange ce crédit carbone. De la sorte, il correspond soit à l’émission soit à la réduction d’une tonne de CO2. C’est un outil qui permet de favoriser la transition énergétique. Un crédit carbone est donc unité qui peut se vendre et s’acheter. Il est l’équivalent d’une tonne de CO2 évitée ou séquestrée. Ce crédit carbone a été mis en place dans le but de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Les acteurs peuvent donc se les échanger, en fonction d’une émission trop élevée ou non.


L’initiative de Microsoft d’acheter du carbone à Heirloom Carbon est une démarche intéressante, mais qui doit être accompagnée d’une analyse critique et d’un suivi rigoureux. Il ne faut pas oublier que l’élimination du carbone n’est pas une solution miracle, mais un complément aux efforts de réduction des émissions. Il faut également veiller à ce que les technologies d’élimination du carbone soient respectueuses de l’environnement et des droits humains, et qu’elles soient encadrées par des politiques publiques adaptées.

Source : Businesswire

Et vous ?

Quel est votre avis sur le sujet ?

Quelle est la légitimité de Microsoft à se présenter comme un acteur engagé pour le climat, alors qu’elle est l’une des entreprises les plus polluantes du secteur numérique ?

Trouvez-vous cohérent le fait que Microsoft a acheté du carbone à Heirloom Carbon, alors qu’elle continue à développer des produits et des services qui augmentent la consommation d’énergie et les émissions de CO2 ?

Voir aussi :

Microsoft annonce qu'il veut être négatif en émission de carbone d'ici 2030 et éliminer autant de carbone qu'il en a émis au cours de son histoire d'ici 2050

Microsoft : les piles à hydrogène permettront aux data centers de repenser complètement les systèmes électriques, la société teste la technologie afin de remplacer les générateurs diesel de secours

Meta va acheter près de 7 millions de crédits carbone, l'objectif de Meta est de réduire son empreinte carbone, et de soutenir des projets environnementaux et sociaux à travers le monde

Une erreur dans cette actualité ? Signalez-nous-la !

Avatar de Fagus
Membre expert https://www.developpez.com
Le 10/09/2023 à 12:09
Leur procédé consiste à calciner du calcaire, à capter et stocker dans le sol le co2 produit, puis à laisser à l'air la chaux obtenue pour qu'elle capte le co2 atmosphérique.
Je vous laisse imaginer le bilan énergétique de leur usine à gaz. Déjà il faut miner et broyer la roche, la chauffer à haute température. ... amener tout ça sur un site géologiquement stable susceptible de servir de réservoir pendant des millions d'années, injecter de force le co2 dans le sol...

Et comment alimentent-ils ça ? "avec de l'énergie renouvelable"

Alors c'est vraiment le point le plus crétin. Leur hypothèse, c'est qu'on est déjà tellement débordés de sources d'énergie renouvelable, qu'on n'a plus rien d'autre d'intelligent à faire que de s'en servir pour aller capter une molécule chimiquement stable et à très faible concentration dans l'atmosphère.

(Si on a tellement d'énergie renouvelable que ça, autant s'en servir directement pour arrêter d'utiliser du fossile)

De toutes façons, les cycles connus de capture du co2 atmosphérique, coûtent en général à peu près autant d'énergie que l'énergie qu'on a obtenue en brûlant le pétrole pour le libérer. Une vraie usine de shadoks.
13  1 
Avatar de Fagus
Membre expert https://www.developpez.com
Le 12/09/2023 à 11:34
Je viens de regarder, Heirloom (qui rime avec doom) carbon, avait levé 53 millions de $ et Microsoft leur verserait 200 de plus (ce qui est finalement peu pour un projet minier ).
Néanmoins, ce non sens total montre à quel point le problème est trop sérieux pour le laisser aux entreprises et au marché.

Parce que le bilan carbone de cette entreprise est forcément très mauvais. Il prétendent diminuer le carbone de l’atmosphère, mais c'est juste une arnaque comptable. Ils raisonnent en scope 1 (bilan d'une entreprise), alors que le seul niveau intéressant c'est en scope 3 (bilan complet). En bilan complet, affecter les énergies renouvelables à leur entreprise à très faible rendement versus l'affecter à la fermeture de centrales à charbon (affectation à très haut rendement de diminution des émissions), correspond à une émission augmentée (équivalente à la fermeture de centrales à charbon par ex.)

C'est comme l'Europe qui fait la fête avec sa diminution de 20% d'émissions, sauf qu'ils calculent en scope 2 (émissions du continent en gros), mais qu'en scope 3, cette prétendue baisse, est majoritairement liée à la délocalisation des usines européennes vers la Chine (pour bénéficier de son charbon bon marché et son coût du travail), ce qui par le miracle du charbon et des transports intercontinentaux correspond à des émissions augmentées en scope 3.

J'espérais que quand on commencerait à taper dans le mur, il y aurait un sursaut de conscience de l'humanité, mais non, ou bien quand ça va taper très très fort peut être

On en est quand même au stade où toutes les mesures concrètes sont repoussées à plus tard (ex la taxe carbone quand elle existe a toujours été mise à un taux trop faible pour déclencher des changements), que tous les modèles impliquent la croissance, le progrès scientifique et le carbon capture and storage pour nous sortir de la mouise. Alors qu'en vrai, l'hypothèse de croissance dans un contexte d'augmentation des coûts d'extraction miniers (ex le prix du pétrole) ce sera probablement une décroissance sauf révolution nucléaire ; que le progrès scientifique est difficile à prévoir ; que le carbon storage existe seulement sur les gisements pétroliers aujourd'hui pour récupérer le fond des gisements.

Tous les ans les rapports scientifiques sont pires avec des dégâts qui arrivent plus tôt que prévu. On a même des tribunes qui alertent qu'on a des boucles de rétroaction positives inconnues avec la fonte des pôles et du permafrost qui peuvent nous faire taper dans du +8° (à +5 c'est déjà la fin de la civilisation telle qu'on la connait avec par ex la bande équatoriale qui devient impropre à la vie humaine et l'effondrement du rendement des cultures).

Et que fait-on ? on achète des voitures plus lourdes (la consommation totale de carburant a augmenté ces dernières années), puis on demande au gouvernement de payer l'essence (alors que la dette est passée de 1000 G€ en France à 3000G€ en quelques mandats).

La bonne nouvelle, c'est qu'on n'a pas besoin d'aller s'entraîner au club de tir parce que jusqu'à 2100 la planète reste habitable.
5  0 
Avatar de syapk
Membre à l'essai https://www.developpez.com
Le 10/09/2023 à 22:06
molecule du calcaire , CaCO2...
pour info le calcaire est deja saturé en CO2..
donc il vont devoir brulé une quantité énorme de calcaire pour.. blahblahblah .. ca n a aucun put.. de sens
3  0 
Avatar de vieil_ordi
Nouveau membre du Club https://www.developpez.com
Le 16/09/2023 à 11:36
Bonjour,
Peux-t-on m'expliquer (en français): comment le calcaire peut piéger le CO2 alors que c'est déjà du carbonate de calcium ?
(les articles sur "carbon 180" ne m'éclairent guère (et je ne suis guère partisan de l'hégémonie de la langue anglaise !)).
Mais Bravo à ceux qui entretiennent ces articles de Developpez.com.
2  0 
Avatar de TJ1985
Membre chevronné https://www.developpez.com
Le 16/09/2023 à 12:27
Citation Envoyé par vieil_ordi Voir le message
Bonjour,
Peux-t-on m'expliquer (en français): comment le calcaire peut piéger le CO2 alors que c'est déjà du carbonate de calcium ?
C'est tout le problème avec ce procédé. Ils commencent par réduire le calcaire en chaux vive, qu'ils exposent à l'atmosphère pour capturer le CO2 et refaire du carbonate. Ils prétendent piéger dans le sol le CO2 qu'ils génèrent à la première étape. Et ils affirment que leur procédé est propre si l'énergie de réduction de la première étape est "verte".

Pour moi, ça ne tient pas debout, il y a trop de points de défaillance possibles. Je ne comprends pas que Microsoft donne un centime à ces gens.
2  0 
Avatar de Darkzinus
Expert éminent sénior https://www.developpez.com
Le 20/09/2023 à 16:43
Et la part due à nos importations elle est où ? l'Asie est l'usine du monde.
2  0 
Avatar de Fagus
Membre expert https://www.developpez.com
Le 24/09/2023 à 12:33
Citation Envoyé par TJ1985 Voir le message
Mais que proposez-vous ? Vous mentionnez quelques lignes en-dessous les brillantes interventions européennes...
En fait c'est plus un problème politique et socio-psychologique que physique.

Physiquement, ce qu'il faut faire est facile à énoncer.

Partant de là, il y a deux options. Soit on profite comme des porcs pour notre vie individualiste, et la vie pour les générations futures sera misérable, soit on prend sur nous et on essaie de transmettre le monde en état utilisable.

Donc, soit le postulat : effondrer les émissions de CO2.

1. Il faut admettre qu'il n'existe aucune solution miracle qui permette de maintenir exactement le mode de vie actuel pour des raisons de cinétique. Le nucléaire sera trop long a déployer et insuffisant en combustible disponible dans la nature, en l'absence de maîtrise des réacteurs à neutrons rapides (que les politiques français ont tué 2x pour mémoire, pour acheter quelques alliances avec les "Verts" : Jospin avec Superphénix ; Macron avec Astrid). Le stockage du carbone coûte cher, n'est déployé en gros que pour vider les réservoirs de pétrole gaz, et n'est énergétiquement possible que si le site d'émission est situé au-dessus du réservoir physique. La sobriété seule est l'exact opposé de la civilisation industrielle ; on n'en n'a pas envie. Les énergies renouvelables sont soit déjà construites et à quasi-saturation (barrages), soit une petite partie de la solution (rendements trop faibles, genre l'éolien c'est de mémoire un ROI de 15-20 max, mais 4 avec gestion de l'intermittence versus 50-100 pour le pétrole et 50 pour le nucléaire, d'autant que les éoliennes ne sont pas fabriquées avec de l'énergie renouvelable, ce qui pose un problème dans un monde sans charbon...).

Ensuite que faire ?
- Fermer les mines de charbon. C'est une des 1ères sources d'énergie au monde. Il en reste des stocks considérables de quelques siècles au rythme actuel. C'est extrêmement sale en émission de CO2 et en destruction minière de l'environnement. (cf les mines à ciel ouvert de lignite en Allemagne : des régions détruites et impropres à l'usage pour des siècles).

- électrifier tout ce qui est possible avec de l'électricité à bas CO2. Barrages, nucléaire, et dans une moindre mesure éoliennes et solaire. Seul le nucléaire possède la capacité d'augmenter massivement la production, mais même ainsi ce sera trop tard pour tenir les objectifs de CO2. L'éolien et le solaire ont l'inconvénient d'exploiter des énergies très peu concentrées et donc d'utiliser beaucoup d'espace et beaucoup de matériaux donc de mines. Actuellement il n'existe pas de mines sans énergie fossile. De plus, l'éolien et le solaire sont intermittents et actuellement ainsi que dans le futur moyen ce sera toujours le cas, et la seule solution pour équilibrer est de vider un barrage quand on en a, ou actuellement d'allumer les centrales à gaz et charbon (comme en Allemagne) en l'absence de vent.

Concrètement, il a été calculé que tout l'argent investi dans les éoliennes en France pour un résultat anecdotique aurait permis de payer une pompe à chaleur à tout le monde. Alors que l'éolienne ne sert à rien dans notre pays, car elle décarbone une électricité qui de base était encore plus décarbonée que ce que l'éolienne est capable de faire (barrages + nucléaire = meilleure décarbonation existant au monde). Au contraire, les pompes à chaleur auraient permis de ne pas importer du fioul et du gaz avec le 2e effet bonus de ne pas avoir eu à ruiner le pays pour subventionner le fossile depuis la crise de la guerre en Ukraine.

De même, les panneaux solaires ne servent à rien en métropole pour les mêmes raisons alors qu'ils pèsent 1/4 de la facture EDF !!! (CSPE).

(Cela dit, le photovoltaïque et l'éolien sont très utiles dans les réseaux non-décarbonés comme les DOM TOM ou la plupart des pays au monde hors France, Suède etc car dans cette configuration ils servent justement à éteindre les centrales fossiles. La France, la Suède etc sont des pays à part qui ont déjà terminé la transition énergétique de l'électricité dans les années 80-90 pour des raisons d'indépendance, même si grâce aux politiques on a depuis fait le chemin inverse).

Autre ex, si on a des ballons d'eau chaude électriques en France versus des chauffe eau ailleurs, c'est une idée de nos géniaux ancêtres : l'idée était de les allumer la nuit = utilisation de l'électricité inutilisée nucléaire nocturne = coût nul pour la société dans son ensemble).

- Il faut mettre une taxe carbone forte pour forcer le marché à décarboner, et mettre cette taxe aux frontières pour arrêter le petit jeu d'externalisation de l'industrie vers les pays moins regardants. Cette taxe permettrait de plus d'avoir des recettes fiscales et donc d'aider ceux dans le besoin. Par ex, décarboner la campagne est un casse-tête. La campagne est plus pauvre, et est physiquement éparpillée ce qui empêche la création de transports en commun. Cependant, cela ne concerne qu'un % minoritaire de la population qui est largement urbaine. Il est donc possible d'utiliser le produit de la taxe pour compenser les mesures applicables en ville mais pas à la campagne (par ex en leur payant des voitures électriques).

- Il faut mettre un frein fort à l'usage urbain de la voiture individuelle. En URSS, ils arrivaient par planification à créer des villes jusqu'à 200 000 hab. sans voitures.
Il faut savoir ce que l'on veut. Est ce que l'on veut des voitures parce que c'est un but en soi, ou est ce que l'on veut un système de soin qui marche etc.
Si on refait tout l’urbanisme de manière multicentrique, de telle manière que ce dont on pourrait avoir besoin est disponible à 30 mn de marche alors on n'a plus besoin d'autant de voitures. On peut très bien physiquement tout faire en transport, vélo, à pied avec la retombée que tout le monde est en meilleure santé par disparition de la sédentarité (ce qui n'exclut pas l'existence de taxi pour les personnes handicapées). Ex, dans un monde sans voiture, les enfants peuvent juste aller à l'école à 1km à pied ou en vélo. Il existe évidemment un coût élevé, qui est que cette réorganisation n'est possible qu'en augmentant la densité urbaine en construisant des immeubles à la place des maisons individuelles, ce qui est historiquement le cas de toutes les villes européennes car c'était déjà la solution à l'époque pré-voiture. Bonus : préservation des terres agricoles, dont on aura bien besoin avec la chute prévue des rendements.
Au RDC, on construit les écoles, commerces, etc et au-dessus les logements.
Au contraire, les USA qui ont construit des villes dans l'ère de la voiture avec un étalement urbain indécent, qui est non viable sans essence à bas prix (les Américains avec une essence 2x moins cher en moyenne qu'ici historiquement), sont dans une situation très préoccupante et insoluble. Ceci s'appelle de la sobriété planifiée = obtenir une qualité de vie équivalente avec moins de ressources. Si on ne le fait pas, problèmes climatiques ou non, si l'essence arrive au stade pénurie ou coût inabordable, ce sera de la sobriété subie = de la pauvreté : absence de services et moins de ressources.

Etc.

On peut parvenir a avoir une qualité de vie similaire en se passant de la majorité du pétrole, via des taxes et aides ciblées, via des obligations (= interdiction de vendre une voiture qui consomme tant d'énergie fossile) et via une prise de conscience citoyenne de ce qui est vraiment important et des moyens existants pour parvenir à le garder dans un monde qui de toutes façons verra une baisse de l'utilisation du pétrole, ne serait-ce que pour une question de pénuries à venir.

Contrairement à ce que disent les Verts, on n'a même pas besoin de se passer de la puissance de l'économie de marché. On peut très bien passer une partie en économie planifiée, ça marche (ex du programme nucléaire français qui était du capitalisme d'état planifié) et laisser les détails s'auto-organiser via des normes et taxes intelligentes (ex l'Angleterre a décarboné via une taxe carbone, c'est un autre mode de pensée, mais ça a aussi marché).

PS: même si on n'en n'a rien à faire de l'écologie, personnellement ça me pose problème que l'argent de mon travail serve à subventionner des pétromonarchies dont les dessins ne sont "pas forcément" dans nos intérêts, et ça me gène qu'une voiture coûte à un ménage moyen facilement 250€/mois d'essence + l'amortissement de la voiture, alors que sous réserve d'une organisation sociétale différente, on peut garder une qualité de vie similaire et utiliser les fonds libérés à des choses plus intelligentes.

PS 2 : dans les autres bonnes idées, il y a un truc qui n'intéresse pas du tout EDF parce que c'est pas leur métier et ça les prive d'un débouché, mais techniquement, la chaleur dissipée volontairement dans l'environnement par les centrales nucléaires est suffisante pour chauffer tous les Français l'hiver gratos, à condition de financer un réseau de chauffage urbain et des caloducs (sans même avoir besoin de refaire l'isolation...). D'ailleurs pour les villes qui n'ont pas une centrale nucléaire dans les 30km comme Paris, il se trouve que Paris est sur la meilleure nappe géothermique du pays qui court depuis l'Alsace, et que c'est aussi du chauffage très bon marché. Ces deux derniers points impliquent 0 technologie du futur, tout existe déjà (genre dans ma ville le social est chauffé "gratos" par géothermie via les investissements de la précédente crise pétrolière des années 70... et en Islande ils ont depuis longtemps des caloducs sur des dizaines de km pour chauffer gratos leur ville et ont la géothermie pour alimenter gratos leur industrie).

Ah oui, à cette époque on avait des hommes d'état et non des politicards... à cette époque en crise on investissait pour éviter les crises futures (lancement du programme électronucléaire civil et des moteurs à plus faible consommation), aujourd'hui on met l'argent pour subventionner les pétromonarchies et le "marché" européen inefficient de l'électricité (le bouclier tarifaire, c'est dans les 30-40G€ par an)
1  0 
Avatar de TJ1985
Membre chevronné https://www.developpez.com
Le 15/09/2023 à 8:39
C'est dommage. Si on lit leur papier décrivant leur procédé, on ne peut que s'interroger sur le bien-fondé de développer une technologie qui commence par produire autant de CO2 qu'elle prétend en séquestrer.
Le principe de séquestration souterraine est bon, lorsqu'il est appliqué intelligemment. L'Ecole Polytechnique fédérale de Zürich est par exemple partenaire de Climeworks qui a développé de telles technologies, s'appuyant, elles, sur la transformation (carbonatation) accélérée de roches non carbonées (basalte). Dans ce cas, "il suffit" de comprimer le CO2 dans le sol choisi, qui se transforme en calcaire, inerte.
Des tests positifs ont lieu en Islande, notamment.
1  1 
Avatar de TJ1985
Membre chevronné https://www.developpez.com
Le 15/09/2023 à 8:46
Citation Envoyé par Fagus Voir le message
Je viens de regarder, Heirloom (qui rime avec doom) carbon, avait levé 53 millions de $ et Microsoft leur verserait 200 de plus (ce qui est finalement peu pour un projet minier ).
Néanmoins, ce non sens total montre à quel point le problème est trop sérieux pour le laisser aux entreprises et au marché.
Mais que proposez-vous ? Vous mentionnez quelques lignes en-dessous les brillantes interventions européennes...

Je suis d'accord que Heirloom pue l'arnaque à plein nez et que Microsoft commet probablement un faux pas en les soutenant, mais depuis le temps, les États quels qu'ils soient n'ont fait qu'aggraver le problème en empilant des réglementations contradictoires, le plus souvent stupides et motivées par la prochaine élection et les copains.

A mon sens, seules les entreprises privées peuvent encore agir efficacement aujourd'hui, les États ne sont plus là que pour entraver et éviter le changement. C'est dire qu'ils sont condamnés à brève échéance sous leur forme actuelle.

Reste à motiver ces entreprises à travailler dans le sens de l'intérêt général, et ça, seul le marché peut le faire efficacement.
1  1 
Avatar de ddoumeche
Membre extrêmement actif https://www.developpez.com
Le 20/09/2023 à 16:13
Les émissions de gaz à effet de serre par continent, 2022
Et après avoir détruit notre industrie, on nous demande de taxer le carburant alors que la France est l'un des 5 pays les moins émetteurs avec la Suède et la Norvège.

1  1