Il est probable que vous ayez utilisé votre boite électronique pour envoyer ou recevoir un ou plusieurs courriels rien qu’aujourd’hui. Certains utilisateurs comptent sur ces boîtes aux lettres pour organiser leurs données – du stockage des anciens courriels, aux photos souvenirs en passant par des fichiers des années précédentes qu’ils n’utilisent même plus, en attendant la recherche d'un nom ou d'une adresse des années après. Lorsque vous écrivez, envoyez ou recevez des courriels, la dernière chose à laquelle vous pensez probablement est l'empreinte carbone, mais vous devriez. Selon un nouveau rapport du quotidien Japan Times, le coût environnemental de la mise en ligne du courrier et des dossiers ne cesse d'augmenter.
Selon le rapport, tous ces messages nécessitent de l'énergie pour être préservés en ligne. Et malgré l'accent mis par l'industrie technologique sur les énergies renouvelables, l'avènement du streaming et de l'intelligence artificielle ne fait qu'accélérer la quantité de combustibles fossiles brûlés pour maintenir les serveurs de données en fonctionnement.
En effet, les centres de données consomment actuellement environ 2 % de l'électricité mondiale, mais ce chiffre devrait atteindre 8 % d'ici 2030. De plus, selon les recherches de Hewlett Packard Enterprise rapportée par le quotidien, seulement 6 % environ de toutes les données jamais créées (e-mails et autres dossiers compris) sont utilisées activement aujourd'hui. Ce qui veut dire que 94 % des données sont stockées dans une vaste "décharge" dont l'empreinte carbone est énorme.
Andrew Choi, analyste principal de recherche chez Parnassus Investments, une entreprise spécialisée dans les questions environnementales, sociales et de gouvernance à San Francisco, a déclaré à ce sujet que « Cela nous coûte l'équivalent du maintien de l'industrie aérienne pour des données que nous n'utilisons même pas ». Nous n’avons souvent été sensibilisés qu’à l’impression responsable de nos courriels avec des avertissements à la fin des courriels disant : « Veuillez tenir compte de l'environnement avant d'imprimer ». Mais, maintenant, ceux qui se soucient du réchauffement climatique devraient envisager ne même pas écrire autant de courriers électroniques.
Les centres de données consomment de l'énergie à la fois pour conserver les données et lorsqu’elles sont utilisées
Selon le quotidien, la somme de toutes les données du monde en 2018 était de 33 zettaoctets (33 trillions de gigaoctets), mais en 2025, elle pourrait être multipliée par cinq, pour atteindre 175 zettaoctets, selon International Data Corp. Chaque jour, le monde produit environ 2,5 quintillions d'octets de données.
Kirk Bresniker, architecte en chef de Hewlett Packard Labs, a déclaré que les serveurs dans les centres de données consomment de l'énergie à la fois pour conserver vos données et lorsque vous les utilisez. « Si je veux vraiment faire quelque chose avec mes données, je dois les réchauffer et les faire circuler dans le centre de données », a-t-il déclaré. Et quand vous videz la corbeille à courrier électronique, vous n'effacez probablement pas réellement les données. De multiples copies de courriels, même vieux de dix ans, sont stockées sur des serveurs dans le monde entier, toujours en utilisant de l'énergie, a ajouté M. Bresniker.
Selon Philippe Zaouati, directeur général de Mirova, un gestionnaire d'actifs durables basé à Paris, c'est un secteur « où les émissions échappent de plus en plus à tout contrôle ». « Nous devons réduire les émissions de carbone, et ce que nous constatons dans le secteur des technologies de l'information est une augmentation des émissions ».
Selon M. Choi, le problème devient trop important, trop rapide. Il s’interroge si un modèle d'IA qui permet une livraison de nourriture légèrement plus rapidement vaut vraiment le coût de l'énergie supplémentaire. Selon lui, l'entraînement d'un modèle d'IA émet environ autant de carbone que les émissions de toute une vie associées à la conduite de cinq voitures.
Selon le quotidien, pour lutter contre le réchauffement climatique, la principale réponse de l'industrie technologique, jusqu'à présent, a été d'acheter plus d'énergie renouvelable, avec près de 6 000 mégawatts d'énergie provenant de combustibles non fossiles pour seulement l'année dernière – soit le triple de ce qu'elle a acheté en 2017, selon BloombergNEF. Mais ces acquisitions sont toutefois insuffisantes, d’après Kevin Hagen, vice-président de la stratégie ESG de la société immobilière Iron Mountain, spécialisée dans les centres de données.
« Les besoins des centres de données évoluent si rapidement que la plupart des entreprises ne peuvent pas suivre », a-t-il déclaré. Selon lui, l’énergie renouvelable disponible ne peut pas satisfaire la demande de l'industrie. Pour preuve, la consommation globale d'électricité d'Iron Mountain a doublé chaque année.
Les améliorations de l'efficacité énergétique ne pourront pas compenser les émissions de gaz à effet de serre des données
Selon le quotidien, Parnassus Investments s'est concentré sur AMD et Nvidia, des entreprises qui recherchent une technologie de stockage plus efficace. Mais, selon M. Choi, les vraies solutions pourraient nécessiter des réflexions plus radicales. « Les données sont peut-être surestimées comme un avantage pour les entreprises, et personne ne se pose vraiment la question », a-t-il dit. « Si un petit groupe de personnes sont les seules à bénéficier réellement de cette révolution des données, alors que faisons-nous réellement, en utilisant toute cette puissance ? »
D’après le rapport, BloombergNEF a averti que les améliorations de l'efficacité énergétique ou d'autres améliorations technologiques ne compenseront probablement pas les émissions de gaz à effet de serre des données, même si elles sont déployées rapidement. La charge de travail informatique devrait plus que doubler avec l'arrivée de l'intelligence artificielle, la connexion d'un plus grand nombre d'appareils et l'augmentation du nombre de personnes travaillant dans le nuage.
Selon M. Bresniker, l'industrie technologique est "aveugle" quant au coût réel du stockage des données. Selon lui, le tableau est assombri par un flux constant de mises à niveau de l'efficacité et de la mémoire, par l'augmentation de l'énergie renouvelable et par l'IA visant à améliorer l'efficacité des centres de données. « Nous ne comprenons pas vraiment quelle est l'empreinte écologique », a-t-il dit, d’après le quotidien.
Selon le Japan Times, la prise de conscience du problème pourrait aider davantage d'entreprises à se concentrer sur le coût climatique du stockage électronique. Par exemple, Microsoft a dévoilé ce mois-ci un calculateur de durabilité, le premier du genre, destiné à ses clients du cloud, afin qu'ils puissent voir les émissions générées par leurs données.
« C'est une question que les clients se posent de plus en plus », a déclaré le président de Microsoft, Brad Smith. « Je ne pense pas qu'il y ait beaucoup de doutes dans nos esprits sur le fait qu'il s'agit d'un phénomène mondial qui va durer une décennie et où nous allons assister à une augmentation inexorable de la demande de technologie ».
Un rapport publié sur CBC News plus tôt ce mois s’est attardé sur une autre raison de la croissance galopante de la consommation d’énergie. Selon le rapport, ce besoin croissant de puissance des centres de données s’explique par la demande accrue de données. Selon Sandvine, une société basée à Waterloo en Ontario citée par le rapport, le streaming de vidéos est actuellement le plus grand consommateur de puissance, avec des plateformes comme Netflix et Amazon Prime Video qui occupent 60,6 % de tout le trafic Internet. Le rapport a, par ailleurs, précisé que la demande de la vidéo en continu ne fera que croître au cours des prochaines années.
Moins de streaming de vidéos et de jeux, moins de directs Facebook et Youtube, moins de médias sociaux, pourraient contribuer au bien-être du climat efficacement plus que moins de courriels.
Source : The Japan Times
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Le , par Stan Adkens
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