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La CJUE officialise le nucléaire comme énergie « propre » dans la taxonomie verte : L'Europe offre aux géants du cloud et de l'IA un vernis écologique qui masque une consommation sans limite

Le , par Stéphane le calme

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La Cour de justice de l’Union européenne vient d’officialiser le nucléaire comme énergie « propre ». Une décision qui rebat les cartes de la transition énergétique et qui risque d’avoir un effet collatéral majeur : offrir aux géants du cloud et de l’intelligence artificielle un alibi écologique. Derrière les promesses de neutralité carbone, les data centers et l’IA restent pourtant des gouffres énergétiques. La question n’est plus seulement de savoir quelle électricité les alimente, mais si le numérique peut réellement échapper à une remise en cause de sa voracité énergétique.

La Cour de justice de l’Union européenne a tranché : le nucléaire peut être officiellement qualifié « d'énergie propre ». Cette décision vient conforter la taxonomie européenne de la finance verte, déjà critiquée par de nombreux experts, mais désormais validée juridiquement. Derrière ce choix, c’est toute la stratégie énergétique du continent qui se trouve réorientée. Les États membres favorables à l’atome – France en tête – voient dans ce verdict une légitimation de leurs investissements massifs. Mais pour l’industrie numérique, et notamment les géants de l’IA et du cloud, la portée pourrait être encore plus significative.

Les coulisses énergétiques du numérique

On parle souvent « d'immatériel » pour désigner Internet, le cloud ou l’IA. Mais la réalité est tout autre : chaque requête, chaque ligne de code exécutée, chaque entraînement de modèle d’IA repose sur des infrastructures matérielles gigantesques, nourries en continu par l’électricité. Les data centers consomment aujourd’hui environ 1 à 1,5 % de l’électricité mondiale, une part appelée à grimper avec l’essor de l’intelligence artificielle générative. Certains rapports prédisent que la demande énergétique du numérique pourrait tripler d’ici 2030, sous l’effet combiné des services cloud, du streaming et surtout des modèles d’IA toujours plus gourmands en puissance de calcul.

L’IA : des promesses vertes, une réalité grise

Dans leurs communications, Microsoft, Google ou Amazon multiplient les promesses : neutralité carbone d’ici 2030, recours exclusif aux énergies renouvelables, investissements dans les fermes solaires et éoliennes. Mais sur le terrain, la réalité diffère. La consommation des grands modèles de langage, comme GPT-5, mobilise l’équivalent de milliers de serveurs pendant des semaines. À l’échelle d’un seul entraînement, cela représente la consommation annuelle d’électricité de centaines de foyers. La croissance exponentielle des usages IA rend cette équation difficilement soutenable.

Avec la décision européenne, ces entreprises disposent d’une nouvelle carte à jouer : l’électricité nucléaire devient un argument marketing. Elles pourront désormais revendiquer que leurs data centers fonctionnent grâce à une énergie « propre », alors même que la question des déchets nucléaires ou de la dépendance à des centrales vieillissantes demeure entière.


Le recours de l'Autriche contre l'inclusion de l'énergie nucléaire est rejeté

Sur son blog, We Planet retrace l'historique de la situation tout en apportant son soutien à la décision :

« En 2023, il y a ce qui semble être une éternité, l'Autriche a engagé une action en justice contre la Commission européenne pour l'inclusion de l'énergie nucléaire dans la taxonomie européenne des finances durables. À l'époque, elle était soutenue par un bastion de pays de l'UE et d'ONG environnementales opposées à l'énergie nucléaire. Honnêtement, il semblait qu'elle allait gagner.

« Mais aujourd'hui, le paysage a complètement changé.

« L'Allemagne, longtemps symbole de la politique antinucléaire, commence à changer d'avis. Les sorties du nucléaire ou les interdictions aux Pays-Bas, en Belgique, en Suisse, au Danemark et en Italie appartiennent désormais au passé. Même Fridays for Future a modéré son opposition et, dans certains endroits, a embrassé l'énergie nucléaire.

« Ce moment est important.

« Il montre ce qu'il est possible de faire lorsque l'on s'en tient à la science. Les preuves ne font que se confirmer chaque jour davantage : l'énergie nucléaire a un impact environnemental extrêmement faible tout au long de son cycle de vie, et des réglementations strictes ainsi qu'une culture de la sécurité garantissent qu'elle reste l'une des formes d'énergie les plus sûres dont dispose l'humanité.

« La Cour de justice européenne a désormais rejeté dans son intégralité le recours de l'Autriche. Cette décision ne se contente pas de confirmer la place de l'énergie nucléaire dans les règles de financement vert de l'UE. Elle annonce également la défaite quasi certaine de l'affaire Greenpeace en cours, celle-là même qui m'a inspiré à lancer Dear Greenpeace.

« Mais au lieu d'en tirer les leçons, Greenpeace redouble d'efforts. Martin Kaiser, directeur exécutif de Greenpeace Allemagne, a qualifié la décision de la Cour de "jour sombre pour le climat".

« Réfléchissez-y bien. La plus haute juridiction de l'UE vient de réaffirmer que l'énergie nucléaire répond aux normes scientifiques et environnementales requises pour être incluse dans la finance durable, et Greenpeace refuse toujours de bouger.

« Pendant ce temps, la crise climatique s'aggrave. Les émissions mondiales ne diminuent pas assez rapidement. Des milliards de personnes n'ont toujours pas accès à une électricité propre et fiable. Et nous sommes obligés de passer notre temps à défendre des solutions éprouvées au lieu de les développer à grande échelle ».


Microsoft a rejoint l'Association nucléaire mondiale alors qu'elle mise davantage sur les petits réacteurs modulaires

Depuis le boom de l'IA, les entreprises de grande envergure comme Microsoft envisagent de nouvelles méthodes pour alimenter (et refroidir) leurs centres de données. Ces centres de données doivent être situés dans des régions géologiquement stables, avec une alimentation en eau et en électricité suffisante pour les refroidir et leur permettre de fonctionner sans interruption, ainsi que de s'adapter aux demandes futures. Dans cette optique, Microsoft s'est tournée vers des réacteurs nucléaires pour alimenter ses centres de données.

Il y a un an, Microsoft a signé un accord pour relancer le réacteur nucléaire de Three Mile Island afin d'alimenter les centres de données et de répondre aux besoins gigantesques de Copilot en matière d'IA. L'installation a été rendue tristement célèbre par une fusion partielle en 1979 et le réacteur de Three Mile Island a été mis en pause en 2019. Selon Constellation Energy, l'équipement est encore en bon état, mais son redémarrage nécessitera d'importants investissements.

Dans un mouvement qui souligne l'intersection croissante entre les grandes technologies et les solutions énergétiques avancées, Microsoft a récemment officiellement rejoint l'Association nucléaire mondiale, signalant ainsi un engagement accru en faveur des technologies nucléaires face à la demande croissante des centres de données et de l'intelligence artificielle. L'entrée du géant technologique dans cet organisme industriel mondial, annoncée récemment, le positionne comme un acteur central dans la promotion des petits réacteurs modulaires et de l'énergie de fusion pour répondre aux besoins en énergie sans carbone.

Cet alignement stratégique intervient à un moment où la consommation d'électricité des centres de données devrait exploser, sous l'effet de l'appétit insatiable de l'IA pour la puissance de calcul. Microsoft, déjà un poids lourd dans les investissements renouvelables, considère les options nucléaires comme essentielles pour fournir une

Les grandes enseignes de la tech se tournent de plus en plus vers l'énergie nucléaire

Les géants de la technologie tels que Microsoft, Google, Amazon et Meta se tournent de plus en plus vers l'énergie nucléaire pour répondre à la demande croissante en électricité de leurs centres de données, essentiels à l'intelligence artificielle et le cloud computing. La consommation énergétique de ces infrastructures dépasse celle de certaines grandes villes et pourrait encore augmenter de 75 % d'ici 2050. Alors que les énergies renouvelables restent limitées dans leur capacité à fournir une énergie stable et continue, le nucléaire offre une solution sans carbone, efficace et durable, favorisant une « renaissance » de cette technologie autrefois marginalisée.

En parallèle, d'autres innovations comme le refroidissement liquide et l'informatique quantique sont explorées pour accroître l'efficacité énergétique et réduire l'impact environnemental. Cependant, cette transition soulève des critiques sur le coût écologique de l'IA et les limites planétaires. Les centres de données sont aussi devenus un enjeu géopolitique majeur, opposant les investissements massifs des États-Unis à ceux de la Chine, tandis que les pays du Golfe émergent comme des partenaires clés pour cette nouvelle infrastructure mondiale.

La tech et la tentation du greenwashing nucléaire

Cette requalification du nucléaire tombe donc à point nommé pour l’industrie numérique. Elle offre une justification commode pour masquer l’empreinte carbone croissante du cloud et de l’IA. Déjà accusés de pratiquer le « greenwashing » en gonflant artificiellement la part d’énergies renouvelables dans leurs bilans, les GAFAM pourront intégrer le nucléaire dans leurs statistiques et présenter une image écologique renforcée.

Mais cette logique pose plusieurs problèmes. D’abord, elle occulte la question des externalités : si le nucléaire émet peu de CO₂ lors de sa production, il génère des déchets hautement radioactifs pour lesquels aucune solution définitive n’existe encore comme le rappelle d'ailleurs Greenpeace France. Ensuite, elle contribue à dépolitiser le débat sur la sobriété numérique, en laissant croire qu’il suffit de changer la source...
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Avatar de Ryu2000
Membre extrêmement actif https://www.developpez.com
Le 15/09/2025 à 7:30
Citation Envoyé par Stéphane le calme Voir le message
La Cour de justice de l’Union européenne a tranché : le nucléaire peut être officiellement qualifié « d'énergie propre ».
Chouette
L'Allemagne a du changer d'avis, parce que pendant longtemps elle était en guerre contre le nucléaire.

Maintenant il faut que la France redevienne forte en nucléaire.

Citation Envoyé par Stéphane le calme Voir le message
« L'Allemagne, longtemps symbole de la politique antinucléaire, commence à changer d'avis. Les sorties du nucléaire ou les interdictions aux Pays-Bas, en Belgique, en Suisse, au Danemark et en Italie appartiennent désormais au passé. Même Fridays for Future a modéré son opposition et, dans certains endroits, a embrassé l'énergie nucléaire.
Pour l'économie il faut de l'énergie pas cher, ça doit être pour ça que des pays deviennent pro nucléaire.

Citation Envoyé par Stéphane le calme Voir le message
Les GAFAM peuvent-ils se contenter de brandir le nucléaire comme caution verte sans revoir leur modèle de croissance énergétique ?
Ben ouais si la Cour de justice de l’Union européenne qualifie le nucléaire d'énergie propre, les entreprises peuvent consommer de l'énergie nucléaire et dire qu'elles consomment de l'énergie verte.

Ce ne sont pas elles qui font les lois ! Enfin après c'est possible qu'elles aient fait du lobbying, qu'elles aient acheté des politiciens, etc.

Citation Envoyé par Stéphane le calme Voir le message
L’Europe n’est-elle pas en train de privilégier la vitesse de la croissance numérique au détriment d’une véritable sobriété ?
La sobriété c'est mauvais pour l'économie.
Dans le système actuel, il faut produire et consommer.
Grâce au nucléaire on a accès à de l'énergie pas cher, on peut produire pour pas cher, les gens peuvent consommer parce que les prix ne sont pas trop cher.

Peut-être que dans le prochain système on ne sera plus dans un délire de surconsommation, mais ça va être difficile de changer.
Il faudrait qu'ait lieu un évènement du genre "grand reset".

Citation Envoyé par Stéphane le calme Voir le message
Les data centers nucléarisés sont-ils une solution réaliste, ou une illusion de durabilité qui masque un problème structurel ?
C'est réaliste, une centrale nucléaire produit de l'énergie pendant longtemps.

De toute façon ça ne peut pas fonctionner avec des panneaux solaires et des éoliennes, il n'y a pas toujours de soleil, pas toujours de vent, et on ne peut pas stocker une quantité massive d'énergie efficacement.

C'est la course à l'IA, pour que des entreprises qui font de l'IA puissent exister en Europe il faut de l'énergie pas cher et donc du nucléaire.
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