
L'essor de l'IA générative a accéléré l’implantation massive de centres de données à l’échelle mondiale. Cependant, cette frénésie a entraîné un lot de problèmes pour les populations vivant dans les régions dans lesquelles ces infrastructures sont installées. Elles sont énergivores et mettent en difficulté les réseaux électriques. Les vieilles centrales à charbon sont relancées pour répondre aux besoins de l'IA, ce qui accentue les niveaux de pollution déjà élevés.
Les centres de données nécessitent aussi d'énormes quantités d'eau pour refroidir les serveurs, ce qui accroit la pression sur les sources d'eau et pollue les nappes phréatiques. En Europe, les analystes préviennent que les besoins en eau pourraient dépasser l'offre à mesure que les vagues de chaleur s'intensifient.
Un rapport de l'Université de Californie à Riverside indique que les outils d'IA consomment jusqu'à quatre fois plus d'eau que prévu. Il faut 2 litres d'eau pour traiter entre 10 et 50 requêtes, alors que l'estimation initiale était d'un demi-litre. Cette augmentation est due aux besoins de refroidissement des serveurs dans les centres de données. Des entreprises comme Microsoft et Google ont constaté une hausse significative de leur consommation d'eau.
L'industrie a déployé des efforts importants afin de trouver des alternatives à l'eau pour le refroidissement et réduire la consommation globale. Mais les technologies alternatives sont complexes et coûteuses à mettre en place à grande échelle. L'eau continue donc de jouer un rôle prépondérant. Selon l’OCDE, les outils d'IA pourraient nécessiter entre 4,2 et 6,6 milliards de mètres cubes d’eau par an d’ici 2027, ce qui représente une quantité impressionnante.
« C'est plus que la consommation annuelle totale d'un pays comme le Danemark, ou près de la moitié de celle du Royaume-Uni », a déclaré Robert Pritchard, analyste principal chez GlobalData, Enterprise Technology & Services. Selon l'analyste, le changement climatique signifie que les besoins en eau pour refroidir les centres de données en constante expansion risquent de devenir un sérieux problème à résoudre. Et les premiers effets se font déjà ressentir.
Selon les experts, le changement climatique a perturbé les conditions météorologiques normales, rendant les incendies de forêt et les crues soudaines plus fréquents, tandis que le sol desséché et brûlé peut entraîner une diminution de l'absorption des eaux de pluie dans les aquifères.
Réduire la consommation d'eau des datacenters : un défi de taille
Les opérateurs de centres de données sont confrontés à de nombreuses difficultés pour réduire leur consommation d'eau face à la demande croissante en serveurs gourmands en énergie. Une récente étude de Maplecroft indique que de nombreux centres de données parmi les plus importants au monde sont menacés par la hausse mondiale des températures, les besoins croissants en eau entraînant une augmentation des coûts et de la consommation d'eau.
Selon ses estimations, une installation de taille moyenne consomme en moyenne environ 300 000 gallons (environ 1,4 million de litres) d'eau par jour, et ces besoins devraient augmenter avec la hausse des températures. La pénurie d'eau devient une préoccupation majeure pour les centres de données en Europe.
Toutefois, le groupe industriel CISPE (Cloud Infrastructure Service Providers in Europe) a averti au début de l'été que les exigences réglementaires contraignantes de la Commission européenne visant à réduire l'utilisation de l'eau pourraient inciter les opérateurs à choisir d'implanter leurs immenses centres de données ailleurs. Le CISPE a présenté ses propres recommandations sur la manière de mettre en œuvre la stratégie de résilience hydrique de l'UE.
Par ailleurs, le géant du cloud Google a récemment publié une évaluation interne de sa consommation d'eau, affirmant que l'utilisation de l'eau par les systèmes d'IA a été largement exagérée, bien que cette affirmation ait été accueillie avec scepticisme et critiques en raison de sa méthodologie de test. Selon Google, le traitement d'un prompt par l'assistant d'IA Gemini consomme désormais l'équivalent de 9 secondes de télévision et 5 gouttes d'eau.
Cependant, ces estimations sont controversées. Selon Shaolei Ren, professeur agrégé en génie électrique et informatique à l'université de Californie à Riverside, les affirmations de Google sont trompeuses, car elles établissent une fausse équivalence entre la consommation d'eau sur site et la consommation totale. Pour comprendre pourquoi, il est important de savoir que les centres de données consomment de l'eau à la fois sur site et hors site.
Shaolei Ren souligne que le problème n'est pas que Google n'ait pas pris en compte la consommation d'eau hors site. C'est que Google a comparé des pommes et des oranges : « son nouveau chiffre ne concerne que la consommation sur site, tandis que le chiffre discrédité incluait toute la consommation d'eau ».
L'IA générative pousse la Silicon Valley vers les énergies fossiles
Il y a encore quelques années, Google, Microsoft, Amazon, et d'autres grandes entreprises technologiques étaient à l'avant-garde du monde des affaires pour reconnaître la gravité de l'urgence climatique et proposer des mesures concrètes visant à limiter les émissions de la Silicon Valley. Parmi ses nombreuses promesses en faveur du climat, Google s'est engagé en 2020 à alimenter toutes ses activités avec de l'énergie sans carbone d'ici à 2030.
À l'époque, le PDG de Google, Sundar Pichai, avait déclaré : « nous avons jusqu'en 2030 pour définir une cause durable pour notre planète, sous peine de subir les pires conséquences du changement climatique ». Il avait présenté un plan visant à alimenter les centres de données de l'entreprise en combinant des sources d'énergie éolienne et solaire. Sundar Pichai a également annoncé que Google travaillait à augmenter son utilisation du stockage par batterie.
Aujourd'hui, le géant de la recherche soutient farouchement le programme « d'abondance énergétique » de l'administration Trump. Ce programme largement controversé soutient le pétrole...
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