Jeff Bezos, le fondateur d’Amazon et l’une des personnes les plus riches de la planète, a apparemment ajouté un autre objet de luxe à sa collection impressionnante : un jet privé Gulfstream G700 d’une valeur d’environ 80 millions de dollars. Cette dernière acquisition marque le quatrième jet privé ajouté à sa flotte étendue, qui comprend également deux modèles Gulfstream G650 et un Pilatus PC-24.
Le Gulfstream G700 est considéré comme l’un des plus grands et des plus avancés jets privés au monde. Avec une portée maximale d’environ 7 500 milles marins, il est également capable d’atteindre des vitesses de pointe de Mach 0,925, soit environ 92,5 % de la vitesse du son, soit environ 1142 km/h. Le G700 dispose également de 20 fenêtres panoramiques et d’une cabine « silencieuse » avec de l’air ionisé à 100 % renouvelé toutes les deux à trois minutes
Les données de vol accessibles au public montrent que l'avion de Bezos a effectué 28 vols en 39 jours, laissant une empreinte carbone de 264 tonnes, soit 17 fois ce que l'Américain moyen émet en un an.
Les représentants de Bezos ont souligné qu'il utilisait du carburant aviation durable pour ses voyages et qu'il payait pour des compensations carbone, qui financent des projets visant à réduire la pollution par les gaz à effet de serre et à annuler les émissions de carbone générées par les voyages effectués à bord de ses avions et de ses yachts.
Bezos a apparemment essayé de garder son acquisition de l'avion hors de la vue du public en utilisant le programme de l'administration fédérale de l'aviation qui permet aux propriétaires d'avions de garder les informations sur leur appareil privées. Le programme FAA Privacy ICAO Aircraft Address (PIA) permet aux propriétaires d'avions d'utiliser des adresses temporaires et aléatoires qui modifient les numéros d'identification de l'avion afin de rendre les vols moins traçables par le public.
Bezos figurait déjà parmi les champions en pollution chez les célébrités de la TechJeff Bezos has another new jet ✈️
— Jack Sweeney (@Jxck_Sweeney) August 20, 2024
A brand new Gulfstream G700
N11AF delivered on 7/10/2024 pic.twitter.com/nyZAfJByqk
Avec 257 heures de vol à son actif durant les 12 derniers mois, Jeff Bezos aurait contribué à 514 tonnes d'émissions de CO2, l'équivalent de 122 années de déplacements domicile-travail en voiture, pour un coût estimé à 1 million de dollars.
En février 2020, Jeff Bezos a annoncé qu'il consacrerait 10 milliards de dollars de sa fortune pour lutter contre le changement climatique. Avec de vastes centres de données qui alimentent le Cloud computing et un réseau mondial pour l'expédition et la livraison des colis, l'impact d'Amazon sur l'environnement est considérable. En septembre 2019, la société a révélé pour la première fois sa propre empreinte carbone, révélant qu'elle avait émis environ 44,4 millions de tonnes de dioxyde de carbone en 2018 - l'équivalent de la combustion de près de 600 000 camions-citernes d'essence.
Une situation qui aurait contribué à le motiver.
En août 2020, des documents rendus publics ont montré que Jeff Bezos a créé une société à responsabilité limitée du nom de Fellowship Ventures au sein de laquelle il a injecté ce fameux capital de 10 milliards de dollars ; il s'agissait de l’une des premières actions de son plan d’action Bezos Earth Fund.
Bezos a affirme que son Bezos Earth Fund financera « des scientifiques, des militants, des ONG — tout effort qui offre une réelle possibilité d’aider à préserver et à protéger le monde naturel ». Sur la publication du fondateur du géant Amazon qui a révélé en juillet dernier investir sa fortune dans l'espace parce qu’il pense que nous détruisons la terre, on pouvait lire le discours suivant :
Envoyé par Bezos
Contrairement aux fondations, les SARL ne sont pas non plus tenues de débourser une somme d'argent à intervalle régulier. Mais Bezos a apporté des éclaircissements sur cet aspect en mars 2021 : « l'objectif » de l'engagement de 10 milliards de dollars de Bezos serait de le « dépenser » d'ici 2030, ce qui signifie que le fondateur d'Amazon attribuerait environ 1 milliard de dollars par an (après quoi, il pourrait vraisemblablement mettre plus d'argent sur la table). Bezos n'avait auparavant partagé aucune information sur la rapidité avec laquelle il prévoyait de distribuer ces 10 milliards de dollars, bien qu'il ait précisé qu'il ne s'agissait que de 10 milliards de dollars « pour commencer ».
Il a également annoncé que son entreprise visait à atteindre la neutralité carbone d’ici 2040, en réduisant ses émissions, en utilisant des énergies renouvelables et en achetant des crédits carbone. Cependant, ces engagements sont loin d’être suffisants, selon les ONG environnementales, qui dénoncent le modèle économique d’Amazon, basé sur la surconsommation, le gaspillage et la destruction de produits invendus. Elles pointent aussi du doigt le lobbying d’Amazon contre les régulations environnementales, sociales et fiscales, ainsi que son implication dans l’industrie pétrolière et gazière, à travers la fourniture de services cloud et d’intelligence artificielle.
De plus, Jeff Bezos s'est lancé à la conquête de l'espace avec Blue Origin, au même titre qu'Elon Musk. Le rapport World Inequality Report a remis en cause l'intérêt de cet exercice, notant que l'empreinte carbone d'un court trajet dans l'espace est comparée aux émissions d'une vie pour les plus pauvres du monde. La statistique résume parfaitement la répartition inégale entre ceux qui causent des dommages climatiques et ceux qui en souffrent.
Amazon accusé de faire des déclarations trompeuses sur ses efforts climatiques
En 2019, Amazon s'est fixé pour objectif d'utiliser cent pour cent d'énergie renouvelable d'ici 2030 pour la totalité de l'électricité consommée par ses activités mondiales, y compris ses centres de données, ses bâtiments d'entreprises, ses magasins d'alimentation et ses centres d'approvisionnement. À peine 5 ans après, Amazon a annoncé dans un billet de blogue mercredi que la totalité de l'électricité utilisée par ses activités l'année dernière provenait de sources n'émettant pas de gaz à effet de serre. Amazon a déclaré dans son billet de blogue avoir atteint son objectif de 100 % d'énergie renouvelable avec 7 ans d'avance.
Amazon dit avoir investi des milliards de dollars dans plus de 500 projets solaires et éoliens pour atteindre son objectif. L'énergie produite par ces projets équivaut à l'électricité consommée par les centres de données, les bâtiments d'entreprise, les magasins d'alimentation et les centres d'expédition de la société dans 27 pays. Toutefois, les employés du groupe "Amazon Employees for Climate Justice" ont critiqué la méthode utilisée par la société pour parvenir à cette conclusion, la jugeant beaucoup trop indulgente. Le groupe accuse l'entreprise de se livrer à des déclarations trompeuses sur ses efforts en faveur du climat.
Un rapport du groupe indique que seuls 22 % des centres de données d'Amazon aux États-Unis fonctionnent en réalité avec de l'énergie propre. Le groupe a examiné l'emplacement de chaque centre de données et la répartition de l'énergie sur les réseaux régionaux (la part du charbon, du gaz ou du pétrole par rapport à l'énergie solaire ou éolienne). Amazon, tout comme d'autres Big Tech, achète des crédits d'énergie renouvelable (REC) pour une certaine quantité d'énergie propre produite par une centrale solaire ou un parc éolien. En théorie, cela est censé encourager la construction de nouvelles énergies renouvelables.
En réalité, ce n'est pas toujours le cas. Le rapport indique que 68 % des REC d'Amazon sont dégroupés, ce qui signifie qu'ils n'ont pas financé de nouvelles infrastructures renouvelables, mais qu'ils ont accordé un crédit pour des énergies renouvelables qui existaient déjà ou qui allaient être construites. La construction de nouveaux centres de données peut entraîner la construction de nouvelles centrales électriques fonctionnant avec des combustibles fossiles pour les réseaux qui en dépendent. Dans le même temps, Amazon est également impliqué dans la course à l'IA, une technologie qui se révèle de plus énergivore.
« Dominion Energy, la compagnie d'électricité de Virginie, se développe en raison de la demande, et Amazon est évidemment l'un de ses plus gros clients. L'expansion de Dominion Energy n'est pas une expansion basée sur une énergie renouvelable. Il s'agit de plus de combustibles fossiles », affirme Eliza Pan, représentante du groupe Amazon Employees for Climate Justice et ancienne employée d'Amazon. Selon un rapport Amazon, les projets d'énergie propre dans lesquels l'entreprise a investi ces dernières années peuvent produire suffisamment d'électricité pour alimenter l'équivalent 7,6 millions de foyers américains.
Conclusion
L’achat du quatrième jet privé par Jeff Bezos met en lumière les tensions entre luxe, responsabilité sociale et environnement. Alors que le fondateur d’Amazon continue d’étendre son empire, il doit également faire face aux critiques concernant ses choix de dépenses. La question reste ouverte : comment les milliardaires peuvent-ils concilier leur mode de vie extravagant avec la nécessité de préserver notre planète ?
Source : Celebrity Flights
Et vous ?
Quelle lecture faites-vous des données de Celebrity Flights ? Ces données vous semblent-elles crédibles ? Si oui, êtes-vous surpris de voir ces milliardaires polluer autant, bien qu'ils défendent à différentes échelles l'écoresponsabilité ?
Quels sont, selon vous, les critères pour distinguer une véritable démarche écologique d’une stratégie de greenwashing ?
Quels sont les moyens d’action dont disposent les consommateurs, les citoyens et les pouvoirs publics pour lutter contre le greenwashing ?
Avez-vous des exemples d’entreprises technologiques qui ont réussi à réduire leur impact environnemental de manière significative et transparente ?
Quelles sont les innovations technologiques qui peuvent contribuer à la transition écologique, sans créer de nouveaux problèmes environnementaux ou sociaux ?
Que pensez-vous de la décision de Jeff Bezos d’acheter un quatrième jet privé ? Est-ce un simple signe de sa richesse ou cela reflète-t-il un manque de sensibilisation à l’impact environnemental ?
Comment les milliardaires devraient-ils gérer leur richesse et leurs dépenses personnelles ? Devraient-ils être plus responsables dans leurs choix de mode de vie ?