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Le numérique est responsable de 2,5 % de l'empreinte carbone de la France,

Selon un rapport de l'Arcep et l'agence de la transition écologique

Le 2022-01-24 15:02:58, par Bill Fassinou, Chroniqueur Actualités
L'ADEME (l'agence de la transition écologique) et l’Arcep ont publié la semaine dernière un rapport sur la part du numérique dans l'empreinte environnementale (ou empreinte écologique) de la France. Le rapport a conclu que le numérique est responsable de 2,5 % de l’empreinte carbone de la France. Les auteurs de l'étude notent également que des trois composantes du numérique qui constituent le périmètre de l’étude, ce sont les terminaux (et en particulier les écrans et téléviseurs) qui sont à l’origine de 65 à 90 % de l’impact environnemental.

L'empreinte carbone du numérique français est en pleine croissance

En août 2020, à la demande du ministère de la Transition écologique et le ministère de l'Économie, des Finances et de la Relance, l’ADEME et l’Arcep ont mené une mission commune de 18 mois, visant à mesurer l’empreinte environnementale numérique en France et à identifier des leviers d’actions et de bonnes pratiques pour la réduire. « S’il est souvent perçu comme positif, car créateur de croissance et de nouveaux modèles économiques, le numérique est pourtant responsable de 2,5 % de l’empreinte carbone de la France, et en forte croissance », rapporte l'étude. Ce chiffre pourrait sembler insignifiant.



Mais les auteurs de l'étude ont fait remarquer qu'il ne cesse d’augmenter. En outre, ils précisent qu'il n’y a aucun autre secteur où l’empreinte carbone augmente aussi rapidement, ce qui témoigne d’une dynamique très inquiétante. L'étude consistait à : qualifier l’empreinte environnementale actuelle des réseaux fixes et mobiles, avec des projections en 2030 et 2050 ; quantifier l’empreinte environnementale du numérique sur l’ensemble du système (équipements, réseaux, centres de données) et en prenant en compte les usages des particuliers et des entreprises ; et à définir des leviers d’actions et de bonnes pratiques pour réduire cette empreinte.

L'ADEME et l’Arcep ont remis le premier rapport de leur étude au gouvernement le mercredi 19 janvier, et voici les principales conclusions de l'étude :

  • le numérique est responsable de 2,5 % de l’empreinte carbone de la France ;
  • des trois composantes du numérique qui constituent le périmètre de l’étude, ce sont les terminaux (et en particulier les écrans et téléviseurs) qui sont à l’origine de 65 à 90 % de l’impact environnemental, suivis par les centres de données (entre 4 et 22 %) et les réseaux (entre 2 et 14 %) ;
  • parmi tous les impacts environnementaux, l’épuisement des ressources énergétiques fossiles, l’empreinte carbone, les radiations ionisantes, liés à la consommation énergétique, ainsi que l’épuisement des ressources abiotiques (minéraux et métaux) ressortent comme des impacts prédominants du numérique ;
  • de toutes les étapes du cycle de vie des biens et services considérées, la phase de fabrication est la principale source d’impact, suivi de la phase d’utilisation, concentrant souvent à elle deux jusqu’à 100 % de l’impact environnemental.


Détails de l’impact environnemental des services numériques

Afin de fournir une analyse complète des causes d’impact environnemental du numérique, l’ADEME et l’Arcep ont étudié chaque segment des services numériques indépendamment : les terminaux utilisateur, les réseaux et les centres de données.

Segment 1 : les terminaux utilisateurs

Les terminaux utilisateur représentent une large variété d’équipements, avec des impacts environnementaux et des quantités variées. Globalement, les téléviseurs sont les principaux responsables des impacts (entre 11 et 30 %), notamment en raison du nombre important de matériaux et d’équipements nécessaires à leur fabrication. Ensuite, les autres appareils présentant un impact environnemental significatif (entre 5 et 15 %) sont les suivants :

  • ordinateurs portables ;
  • tablettes ;
  • smartphones ;
  • ordinateurs fixes ;
  • box TV ;
  • consoles de jeux vidéo de salon ;
  • imprimantes ;
  • autres écrans.


Segment 2 : les réseaux

Selon l'Arcep et l'ADEME, les réseaux peuvent être divisés entre réseaux fixes (xDSL, FFTx), et réseaux mobiles (2G, 3G, 4G, 5G). Bien que la séparation entre les deux types de réseaux ne soit pas totale (certains équipements sont communs), il est possible de distinguer les impacts des deux types de réseau individuellement.

À l’échelle de la France, les réseaux fixes génèrent plus d’impact que les réseaux mobiles (entre 75 et 90 %, contre entre 10 et 25 %). En effet, les réseaux fixes consomment plus d’électricité en phase d’utilisation, et requièrent plus d’équipements, notamment du fait des box installées chez les utilisateurs. Mais, rapporté à la quantité de Go consommée sur chaque réseau, l’impact environnemental des réseaux fixes devient inférieur à celui des réseaux mobiles.

Par gigaoctet consommé, les réseaux mobiles ont près de trois fois plus d’impact que les réseaux fixes pour l’ensemble des indicateurs environnementaux étudiés. Néanmoins il s’agit d’une allocation comptable de l’impact par Go à but illustratif qui ne vaut pas pour comparaison de l’efficacité des réseaux fixes et mobiles.

Segment 3 : les centres de données

Les centres de données sont divisés en différents types : public local, public national, entreprises, colocation et HPC (High performance computing). Les types de centres de données ayant les impacts environnementaux les plus importants sont :

  • les centres de données de colocation (entre 35 et 50 % des impacts) ;
  • les centres de données d'entreprises (entre 30 et 45 % des impacts) ;
  • les centres de données publiques nationales et locales (entre 5 et 15 % des impacts) ;
  • les centres de données destinés au HPC (entre 0,1 et 5 % des impacts).


Les impacts environnementaux sont principalement dus au nombre de mètres carrés de salle informatique, au nombre de serveurs, de stockage, ou encore à la consommation électrique. En analysant plus en détail les équipements constituant un centre de données, ce sont les serveurs en particulier et le stockage dans une moindre mesure qui génèrent le plus d’impacts.

Sources : L'Arcep, Le rapport de l'étude (PDF)

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13 commentaires
  • earhater
    Membre éprouvé
    C'est pas mal, mais parce que la production n'est pas faite ici, le jour ou nous allons enfin faire nos processeurs et autre GPU, on exploserait j'imagine
    Il est quand même probable que cette étude prenne en compte la pollution lors de la fabrication des matériaux nécessaire au fonctionnement du numérique en France. Ce qui me conforte dans cette idée c'est cela :

    de toutes les étapes du cycle de vie des biens et services considérées, la phase de fabrication est la principale source d’impact, suivi de la phase d’utilisation, concentrant souvent à elle deux jusqu’à 100 % de l’impact environnemental.
    Donc à l'inverse, si l'on produisait chez nous cela pourrait réduire l'empreinte carbone des composants fabriqués car on a des normes écologiques plus élevées que dans certain pays et notre électricité est fortement décarbonée (contrairement à la chine par exemple).
  • AndMax
    Membre éprouvé
    "la phase de fabrication est la principale source d’impact"

    Je pense qu'il est urgent de faire en sorte que le matériel ne soit plus considéré comme obsolète trop rapidement, et qu'il doit être considéré comme une ressource précieuse qu'il faut faire durer bien plus longtemps que ce que l'on fait aujourd'hui. L'ensemble des développeurs peuvent jouer un rôle crucial dans ce domaine. Importer dans un projet une librairie de plusieurs Mo juste pour gagner trois lignes de code (déjà vu) est un exemple un peu extrême, mais il y a toujours moyen de consommer moins de ressources si le gaspillage est pénalisé. De nos jours le gaspillage est plutôt encouragé, et donc un matériel moins bien équipé (RAM etc...) sera très vite "obsolète". Il est malheureusement plus intéressant économiquement d'ajouter un nouveau serveur, plutôt que de payer une équipe de développement pour une phase d'optimisation.

    La situation est encore pire sur les matériels où un OS privateur est verrouillé et où l'éditeur cesse les mises à jour de sécurité au bout de quelques petites années: smartphones, télés "intelligentes", NAS, IoT, etc... c'est un vrai désastre. Le fait que des pièces d'usure soient soudées ou collées à l'intérieur d'un matériel qui n'est pas conçu pour être ouvert et refermé montre bien que les constructeurs n'ont aucune envie que le matériel que vous payez ait sa vie prolongée. Et si vous ajoutez à cela des centaines de milliers de gens qui activent du Bluetooth pour un "traçage" de contacts qui permettrait soit disant de lutter contre une pandémie, et vous avez encore une fois des batteries qui auront leur durée de vie réduite, pour strictement rien.

    Il est fort probable que la situation soit encore pire au prochain rapport, car ça ne choque toujours pas les gens de suivre un débat politique sur un mini écran avec un flux vidéo en haute résolution et 60FPS, là où un flux audio ou une qualité vidéo plus modeste étaient largement suffisants.

    Vous verrez, tous les gains en efficience des futurs processeurs seront engloutis par des gaspillages inutiles et donc même si les CPU de demain consommeront 10 fois moins d'électricité pour le même travail, l'humanité aura trouvé le moyen d'en fabriquer 1000x plus pour consommer 100x plus d'énergie: minage de cryptos, deep learning, AI, flicage encore plus intensif des gens, etc... et la "pénurie" de composants va continuer, même si on n'en a jamais eu autant que de nos jours.
  • eric44000
    Membre averti
    Depuis la révolution industrielle c'est l'occident le responsable. Le charbon a fait tourner nos industries et nous a chauffé pendant des siècles et est en pleine croissance en Asie. La réponse est de taxer l'empreinte carbone donc faire payer les consommateurs occidentaux qui importent toujours plus sans que rien ne change ou si peu. On se donne bonne conscience pour faire de la transition en France alors que c'est en Chine et en Inde que les problèmes se posent.
    L'argent récolté par nos gouvernements devrait plutôt subventionner la transition dans les pays émetteurs pour lutter efficacement.
  • seedbarrett
    Membre éclairé
    Envoyé par what_the_hack
    6% du PIB pour seulement 2.5% de l'empreinte carbone, c'est plutôt pas mal
    C'est pas mal, mais parce que la production n'est pas faite ici, le jour ou nous allons enfin faire nos processeurs et autre GPU, on exploserait j'imagine
  • Bonjour,

    Envoyé par eric44000
    Le problème c'est l'été. Déjà qu'on nous promet de plus en plus de canicules, si en plus faut se taper la chaleur des serveurs, c'est bien plus que je demanderai moi.

    Plus sérieusement on nous impose (sens propre et figuré) une transition en France alors que les émissions se font où nos usines se sont délocalisées:

    https://www.windy.com/fr/-Afficher-a...1.902,28.477,3

    Nous avons délocalisés nos émissions en Asie et il serait logique de participer à la transition énergétique en Asie et pas en France !
    Sur un article de Developpez.com paru en 2021 je me souviens d'un chiffre lu à l'époque .

    La pollution de l'internet Chinois c'est l'equivalent du parc automobile ibérique (Espagne et Portugal réunis) . Soit 25 à 30 millions de voitures . Le tout gracieusement alimenté par des centrales aux charbons.
  • 6% du PIB pour seulement 2.5% de l'empreinte carbone, c'est plutôt pas mal
  • eric44000
    Membre averti
    Envoyé par TotoParis
    Et ce pognon de dingue extorqué / récolté par l'Etat, il devrait...quoi ???...subventionner la transition dans les pays émetteurs ??? Mec, tu as fumé quoi avant d'écrire ça ? ... Mais t'es gonflé comme un Zeppelin bourré d'hydrogène ! Volant à la vitesse du çon en plus ?
    Et toi pourquoi tu gonfle les caisses de Bercy sinon pour financer les recherches dans l'hydrogène (dont personne ne veut ) entre autres ? Que l'Etat te fasse les poches te fasse rire, c'est une chose mais quand tes petits enfants viendront te demander dans les yeux des comptes sur le pourquoi de ton inconséquence (car t'as bien acheté ton ordi fabriqué dans ces pays émetteurs pour écrire tes insultes), c'est toi qui passera pour un c**.
  • Bonsoir,

    Le numérique est responsable de 2,5 % de l’empreinte carbone de la France selon un rapport de l'Arcep et l'agence de la transition écologique

    Quel est votre avis sur le sujet ?
    C'est un chiffre très interessant. Sachant que 70 à 80% du courant vient du nucléaire

    Envoyé par eric44000
    Depuis la révolution industrielle c'est l'occident le responsable. Le charbon a fait tourner nos industries et nous a chauffé pendant des siècles et est en pleine croissance en Asie. La réponse est de taxer l'empreinte carbone donc faire payer les consommateurs occidentaux qui importent toujours plus sans que rien ne change ou si peu. On se donne bonne conscience pour faire de la transition en France alors que c'est en Chine et en Inde que les problèmes se posent.
    L'argent récolté par nos gouvernements devrait plutôt subventionner la transition dans les pays émetteurs pour lutter efficacement.
    En Ile de France OVH et KDDI proposent à des riverains des serveurs-chauffages ... Histoire d'utiliser la chaleur des serveurs ...

    Perso je serais partant pour un tel système chez moi .

    En contre partie faut demande un serveur gratis ou hébergement à vie au FAI
  • eric44000
    Membre averti
    Envoyé par sanderbe
    En Ile de France OVH et KDDI proposent à des riverains des serveurs-chauffages ... Histoire d'utiliser la chaleur des serveurs ...

    Perso je serais partant pour un tel système chez moi .

    En contre partie faut demande un serveur gratis ou hébergement à vie au FAI
    Le problème c'est l'été. Déjà qu'on nous promet de plus en plus de canicules, si en plus faut se taper la chaleur des serveurs, c'est bien plus que je demanderai moi.

    Plus sérieusement on nous impose (sens propre et figuré) une transition en France alors que les émissions se font où nos usines se sont délocalisées:

    https://www.windy.com/fr/-Afficher-a...1.902,28.477,3

    Nous avons délocalisés nos émissions en Asie et il serait logique de participer à la transition énergétique en Asie et pas en France !
  • eric44000
    Membre averti
    Envoyé par earhater
    Donc à l'inverse, si l'on produisait chez nous cela pourrait réduire l'empreinte carbone des composants fabriqués car on a des normes écologiques plus élevées que dans certain pays et notre électricité est fortement décarbonée (contrairement à la chine par exemple).
    Que Intel, Apple, Nvidia ou Samsung produisent en France serait un gouffre financier pour ces entreprises.